Millésime 2019 au Domaine du Clos de la Chaînette
La récolte des raisins, d’une qualité exceptionnelle, a débuté au clos le 9 septembre. Le soleil quasi présent tout l’été a permis une bonne maturation, mais nous retiendrons surtout de ce millésime des aléas climatiques qui ont induit des rendements très très bas.
L’hiver plutôt doux, excepté en janvier, entraîne un départ de cycle végétatif précoce. La reprise de végétation se fait dès les derniers jours de mars, et les premiers signes de débourrement apparaissent début avril. A ce stade, les bourgeons sortent de leur enveloppe protectrice et deviennent vulnérables. Un rafraîchissement important est repéré dans la nuit du 4 au 5 avril, s’accompagnant d’un gel au lever du jour, provoquant une vague de dégâts significatifs. La partie basse du vignoble, « le vallon », est fort impacté. A la mi-avril les températures repartent tranquillement à la hausse. Cependant, le 9 mai au matin, la vigne reçoit une seconde salve de gel, à la veille des redoutés Saints de Glace. Cette fois-ci le mercure descend à – 2, – 3 degrés. Le lendemain le résultat est sans appel : les petites feuilles de vigne sont noircies par le gel destructeur, et tomberont au sol progressivement. On estime alors une perte approximant les 60 % de récolte. Après cet épisode de gelée de type « gelée blanche » par opposition à « gelée noire » que l’on observe en plein hiver, la vigne met en place un « plan B » pour assurer sa pérennité : à l’aisselle des bourgeons gelés, se trouvent des contre-bourgeons qui vont alors sortir de leur dormance et permettre un nouveau démarrage végétatif. Ils sont beaucoup moins fructifères, et ne produisent au mieux que 40 % du potentiel initial.
Les basses températures de début juin engendrent un retard de la floraison, toutefois les premières fleurs pointent déjà dans le parcellaire le mieux exposé. Des pluies viennent briser l’espoir d’une floraison généreuse. Ces brusques changements climatiques induisent un millerandage (fécondation imparfaite des fleurs donnant des baies toutes petites) et un phénomène de coulure (fleurs non fécondées, tombant par la suite) sur 2/3 du clos. On se disait qu’il ne manquait plus que la grêle à cette année particulièrement compliquée…et un épisode de grêle vient clore le chapitre un dimanche soir de juin. L’été, plus chaud que la moyenne, combiné avec un manque de pluie, engendra des baies à la pellicule épaisse (phénomène de lutte contre le soleil), au détriment du jus.
Ce millésime fut singulier à plus d’un titre, avec l’enchainement d’aléas climatiques du début de cycle et la sécheresse prononcée durant l’été, pour aboutir à des volumes de récolte un peu meilleur que 2017 certes, mais bien loin de celle de 2018 qui fut généreuse et joyeuse pour le vigneron. La qualité des raisins récoltés dans un excellent état sanitaire, avec des équilibres sucres-acides improbables, laissèrent présager d’une grande année, pour des vins à l’élégance toute bourguignonne. La fermentation du pinot-noir comme du chardonnay s’est déroulée de manière sereine à des températures de vinifications contrôlées et maîtrisées autour de 16 degrés, sans arrêt fermentaire, en exprimant des arômes primaires très prometteurs, de quoi faire – un peu – oublier les rendements catastrophiques.
2019 nous rappelle que la question du potentiel viticole reste un sujet de fond pour les viticulteurs Bourguignons. Le millésime généreux de 2018 ne modifie pas la tendance qui s’exprime depuis de nombreuses années. Les nouvelles dispositions du V.C.I. (Volume complémentaire individuel) sur notre exploitation est rassurante : nous avons pu conserver un volume de 12.50 Hl, représentant un excédent sur 2018, pour pouvoir le mettre en bouteille en 2020 afin de compenser les pertes de cette année.