La Biodiversité au Clos de la Chaînette

Les certifications H.V.E et A.B :

Le clos de la Chaînette s’engage dans une démarche en vue de l’obtention de deux certifications pour la valorisation complémentaire de ses pratiques viti-vinicoles: la H.V.E. (pour Haute Valeur Environnementale) et l’A.B. (pour Agriculture Biologique). Ces deux dispositifs publics, encadrés par un ensemble de cahiers des charges, sont contrôlées par des organismes certificateurs indépendants, agréés par l’Etat.

Le Clos de la Chaînette au mois de Juillet 2021

La certification H.V.E. est un dispositif identifié lors du Grenelle de l’environnement de 2007, puis confirmé lors des Etats Généraux de l’Alimentation (Egalim) pour permettre l’accompagnement des filières de l’agriculture française lors de la transition agroécologique, et ainsi de valoriser les exploitations engagées dans cette démarche. La France s’est fixée un objectif plutôt ambitieux: 50% des domaines viticoles certifiés H.V.E. à l’horizon 2025. C’est la suite logique de l’agriculture raisonnée pratiquée sur notre domaine depuis 25 ans.

Le Clos de la Chaînette a franchi le pas, et se lance avec enthousiasme dans cette démarche respectueuse et vertueuse vis-à-vis de l’environnement. Le dispositif est progressif et comporte trois niveaux:

Le niveau 1, consiste à respecter la réglementation environnementale en vigueur, les B.C.A.E pour Bonnes Conditions Agricoles et Environnementales, par la réalisation d’une autoévaluation au sein du domaine. C’est un prérequis pour accéder aux deux autres niveaux.

Le niveau 2, porte sur une obligation de moyens, se rapportant à 16 exigences listées par arrêté ministériel, autour de 4 grandes thématiques:

  • la biodiversité, en identifiant et en protégeant sur le domaine les zones les plus importantes, en assurant son maintien et son développement;
  • la fertilisation, dans une approche technique la plus raisonnée possible en répondant aux réels besoins de la vigne, en garantissant un rendement et une qualité, tout en limitant les pertes de fertilisants vers les milieux naturels;
  • les produits phytosanitaires, en les adaptant aux cibles visées;
  • la gestion de l’eau, qui devra être la plus fine possible.

Le niveau 3, est le plus exigeant, et porte sur une obligation de résultats. Il atteste du respect pour l’ensemble du domaine des seuils de performance environnementale correspondant aux indicateurs des quatre thématiques du niveaux 2. C’est ce dernier niveau qui permet d’obtenir la mention « Haute Valeur Environnementale » .

Les premiers pas en conversion A.B. ont été officiellement franchis en 2020.

La gestion sans insecticides des vers de la grappe :

De manière récurrente, les vignobles doivent faire face aux attaques des « vers de la grappe », désignant deux espèces de papillons, l’eudémis et la cochylis. Ces deux petits papillons (7mm de long pour 15mm d’envergure) peuvent présenter jusqu’à 4 cycles reproducteurs par an.

La larve hiverne sous la forme d’un chrysalide logée dans l’écorce des ceps. Ces papillons sont polyphage, et sont donc capables de se développer sur une trentaine de végétaux autres que la vigne (groseilliers, cassissiers…). C’est au stade de chenille que ces insectes nuisent à la future récolte: elles provoquent une perforation au niveau de la baie, libérant du jus qui va favoriser la pénétration de la pourriture grise et autres maladies cryptogamiques. Les mâles arrivent dans les vignes deux jours avant les femelles, et les premières pontes sont en général repérées après cinq à six jours. L’incubation dure sept à dix jours, le stade chenille ( « vers de la grappe » ) vingt à vingt-cinq jours, les papillons douze jours. La première génération ne présente pas directement un danger pour les baies, en revanche c’est elle qui va donner naissance aux générations 2, 3 voire 4, qui peuvent gravement impacter la qualité et la quantité de la récolte.

Solutions Bio à l’application d’insecticides : Il existe deux méthodes de lutte homologuées en viticulture biologique contre les « vers de la grappe ». La confusion sexuelle, méthode choisie par le C.H.S. , et le Bacillus thuringiensis (bactérie qui va agir en détruisant les cellules de l’intestin des vers).

La méthode de la confusion sexuelle :

Exemple d’une capsule utilisée dans le cadre de la méthode de la confusion sexuelle

Fin Avril, 1800 petites capsules sont fixées au niveau du fil de palissage sur l’ensemble des 4.20 hectares de vignes (Cf. photo ci dessus). Ces capsules vont émettre par une lente diffusion à travers une membrane microporeuse, des phéromones de synthèse identiques à celles émises par les papillons femelles pour attirer les mâles. Le principe est de saturer l’air ambiant en phéromones et de désorienter les mâles. Ces derniers ne parvenant plus à repérer les femelles, les accouplements n’auront pas lieu. Les phéromones étant spécifiques aux papillons des vers de la grappe, la faune auxiliaire est respectée. La rémanence des capsules est estimée à 180 jours, permettant d’atteindre la première génération, et offrant une couverture de protection jusqu’aux vendanges. Une évaluation hebdomadaire contrôlant l’efficacité de la confusion sexuelle est assuré par la présence de deux pièges à base de phéromones: un pour la cochylis et un pour l’eudémis.

Les capsules seront retirées à l’automne après la chute des feuilles, et suivront une valorisation via la filière A.D.I VALOR (Agriculteurs, Distributeurs, Industriels, pour la valorisation des déchets agricoles).

Les avantages de la technique de la confusion sexuelle par rapport au traitement par insecticide sont nombreux. Là où l’application par voie chimique nécessite deux passages avec le tracteur enjambeur, le positionnement des capsules se fait manuellement par une personne à raison de 1 heure par hectare. Les phéromones émises sont homologuées produits de biocontrôle, il n’y a plus d’épandage de molécules chimiques, les populations d’abeilles sont préservées.

Dans le département, la quasi-totalité des Grands-Crus du Chablisien a adopté la confusion sexuelle contre les vers de la grappe, et Saint-Bris-le-Vineux augmente chaque année la surface protégée par cette technique.

Il existe une évidente corrélation entre la présence de l’entomofaune (insectes auxiliaires utiles à la protection des vignes), la pratique de l’enherbement dans la vigne (depuis de nombreuses années, nous avons abandonné le désherbage chimique au profit de l’enherbement naturel maîtrisé et du travail mécanique du sol) et les aménagements paysagers en périphérie du vignoble.

Pour aller dans ce sens, une haie a été constituée à partir de variétés d’arbustes mellifères entre le parcellaire du clos et la partie hôpital.

La haie mellifère :

Bordant la route à proximité de la P.I.J au nord du parcellaire sur une longueur de 180m, une haie d’arbustes mellifères a été plantée au printemps 2022. Cette haie constitue une liaison entre la vigne et la tournière enherbée en permettant, grâce au feuillage des arbustes, de limiter de manière naturelle la dérive des produits lors des traitement biologiques (cuivre et souffre).

Les tournières :

Il s’agit de la partie non cultivée permettant les manœuvres de demi-tour avec le tracteur enjambeur située à l’extrémité des rangs de vigne. C’est un espace non cultivé à prendre en compte pour la biodiversité. Leur enherbement permanent est rendu obligatoire par la charte du développement durable en viticulture. La technique des couverts végétaux permet également la restructuration des sols (effet couvert végétal), et l’amélioration de la fertilisation (effet engrais verts). Le développement d’un couvert herbacé diversifié, et donc riche en espèces florifères est propice à la reproduction et à la protection des auxiliaires de culture (Hyménoptères, Diptères…). Nous laissons ces zones fleurir et monter en graines pour qu’elles se régénèrent et assurent naturellement un couvert végétal toute l’année.

Nichoirs pour les chauve-souris et nids pour les passereaux :

Les chauve-souris interviennent dans le contrôle biologique des vers de la grappe, l’eudémis et la cochylis, en complément de la confusion sexuelle. On peut admettre qu’elles participent à la régulation de population d’autres insectes comme la drosophile ou les mange-bourgeons au printemps. Une dizaine de nichoirs fabriqués par nos soins sont installés à la sortie de l’hiver lorsque les populations de chauve-souris sortent d’hibernation et recherchent un gîte. La couronne champêtre située au sud des vignes de la Chaînette sur la crête qui borde le boulevard éponyme, sert de support aux nichoirs. C’est un dispositif qui est en lien avec vitichiro, observatoire national d’étude et de recherches sur cet auxiliaire de la culture de la vigne. Il est à noter que l’éclairage nocturne urbain de la ville peut perturber leur activité.

Le traitement des maladies cryptogamiques :

Les deux principales maladies cryptogamiques rencontrées au niveau de la vigne, le mildiou et l’oïdium, sont contrées par des applications à base de cuivre et de souffre, seuls produits autorisés dans la conduite de la vigne en culture biologique.